La première mise à l'eau
Tout le monde maritime et fluvial vous le dira, quand on construit des bateaux, en série ou à l'unité, le moment magique, chargé d'émotion, qui mobilise le plus de monde et de photographes, c'est, bien sûr, la mise à l'eau. L'instant magique où le mastodonte glisse sur les rails après le dernier coup de masse sur les cales, les gerbes d'eau et le majesteux moment de la rencontre où le bateau s'arrète et d'un mouvement d'ensemble, tel le chat se lovant sur un pull en mohair, se cale dans son élément qui l'accepte, comme un nouvel enfant.
Ben merde, qu'est-ce qui me prend, v'là que je poétise alors que j'ai du boulot, mettre le bateau sur la remorque de Raymond, décidemment un ami bien précieux,
trimballer l'ensemble jusqu'à la merveilleuse petite plage de Ploumanac'h grâce à la fourgonnette postale de Dominique, le plus redoutable chasseur de bars (les poissons, pas les bistrots, d'ailleurs je le soupçonne d'avoir commenceé les uns quand il a arrèté les autres) de la côte de granit rose :
Cette photo est précieuse, tous les acteurs sont des mecs extras, des héros modernes : le petit au cheveux blancs, typique malouin, c'est mon pote Jean Yves, pas un intellectuel de gauche, un authentique, brut de fonderie. Il a construit son 14 mètres en acier, et, chose très rare chez les constructeurs amateurs, il s'en est servi : 6 transats à lui tout seul, dont un certain nombre, dont le dernière, en solo. De dos, avec la chemise grise le Dubideck trompe la mort, une seule transat mais infiniment plus de conneries à son actif. Ces deux là j'en parle un peu plus dans mon bouquin "Papa, les p'tits bateaux" (FNAC. com) que, décidemment, vous avez bien tort de ne pas avoir encore lu, tant il est génialement désopilant, mais je suis mauvais juge. Avec son pull rouge et sa camionnette jaune, surplus de la poste acheté aux enchères à Lorient, un membre de la faculté de médecine, néopostier micologue plongeur pêcheur prédateur
Bon, il flotte, il ne prend pas l'eau, on va pas prendre de risques inutiles, donc retour au garage :